jeudi 19 novembre 2009

La condition féminine en Inde - petit tour d'horizon publicitaire

Voilà un certain temps que je pense à écrire un post sur la condition féminine en Inde.

Mais jusque là, je ne savais pas trop comment m’y prendre. Pour en parler sans faire de raccourcis grossiers, il faudrait maitriser la culture indienne que je ne fais encore qu’effleurer, même (seulement) après 4 mois. Le sujet est en effet à l’image du pays : vaste et complexe.

Bien décidée à l’aborder malgré tout mais incapable de rédiger quelque chose de purement ‘théorique’, j’ai finalement choisi un angle plus simple, et aussi plus ludique : celui de la publicité. Je ne sais pas pourquoi, mais depuis quelques jours je suis absolument fascinée par la publicité indienne ! Peut-être à cause des kilomètres de murs tamponnés ‘Coca Cola’ ou ‘Vodafone’ en grosses lettres peinturlurées, et cela dans la plupart des villages que nous avons traversés. Ou peut-être à cause de ce panneau publicitaire vu la semaine dernière sur le mur des toilettes d’un cinéma de Delhi et qui, grosso modo, s’intitulait ‘Comment passer moins de temps à satisfaire votre époux grâce au désodorisant X’. Le contenu ressemblait à :
1) Lui préparer un bon repas : 1h30
2) Laver son linge : 45 minutes
3) Plier ses chaussettes : 7 minutes
(….)
10) Mettre dans les toilettes le désodorisant qu’il aime : 10 secondes

Comme partout ailleurs, le message publicitaire est ici le reflet d’une culture et de traditions fortement ancrées dans les mœurs. Et en ce qui concerne la condition féminine, c’est frappant.

En guise d’introduction, j’ai envie de vous parler d’une publicité qui a été censurée par le gouvernement indien. Au-delà de la place de la femme dans la société, cet exemple illustre surtout le fonctionnement du rapport hommes / femmes en Inde.

Le corps tabou
Pays du Kâma-Sûtra l’Inde? Oui, certes. Mais l’Inde d’aujourd’hui, c’est aussi un pays dans lequel s’embrasser un public est un acte choquant et même interdit par la loi. Au cinéma, vous pouvez bien attendre pendant les 2h30 que dure le film que les deux acteurs, pourtant foudroyés d’amour dès la première seconde, se donnent un petit baiser : vous n’en verrez rien. Et si jamais la scène a été tournée, elle sera coupée lors de son passage sur grand écran.
Il en va de même dans la publicité. On ne s’embrasse pas et on n’insinue rien de trop ‘physiquement rapproché’ : une main posée sur l’épaule ou un bras passé autour de la taille sont déjà plus que suffisants.
Vous vous souvenez peut-être de cette publicité pour le déodorant Axe, celle dans laquelle on nous présente un homme chocolat à l’odeur duquel aucune femme ne pourra résister ? En Inde, elle a été censurée. « Indécente » et « vulgaire », a décrété le gouvernement. Cela laisse songeur…



Mais revenons à nos moutons : la place de la femme dans la société indienne.
Comme toute société, l’Inde subit des changements. En observant la nouvelle génération, il me semble qu’elle est tiraillée : le regard tourné vers l’occident mais les deux pieds bien ancrés dans les traditions familiales et religieuses. L’éclosion de cette jeunesse aux repères floutés semble faire acte de transition.
C’est ce qui, à mon sens, est le plus intéressant à observer dans les publicités que j’ai sélectionnées : lourdes du poids des traditions et imprégnées d’une identité culturelle forte, elles militent cependant en faveur du changement.
Maintenant que j’ai bien blablaté sur le sujet, petite séance de visionnage….

1. Naissance - C’est une fille !
En Inde comme dans d’autres pays, avoir une fille est ‘source de problèmes’ : un jour, il faudra la marier. Et pour pouvoir la marier, il faut commencer dès son plus jeune âge à prévoir la dot qui lui permettra d’entrer dans une autre famille. En 1961, le système des dots a certes été officiellement interdit. Mais cela ne change rien : la dot est une tradition bien ancrée dans les mœurs, et ne sera probablement pas délogée de si tôt. Plus la famille est aisée, plus la dot doit être conséquente. Outre les traditionnels saris et têtes de bétail, il faut désormais offrir des cadeaux plus ‘conséquents’, du type téléviseur, voire même une voiture.
« Cette coutume de la dot est commune à toutes les castes (…). Si Râjâ Ram avait deux garçons, les dots encaissées par ceux-ci lors de leur mariage compenseraient celles à débourser pour Râdhâ et Mirâ. De plus, en Inde, les filles partent habiter avec leur époux chez les parents de celui-ci. Le couple sans garçon se retrouve seul pour vieillir ; et les retraites, les aides sociales, n’existent pas pour la majorité des indiens ». Extrait du roman-témoignage de Marc Boulet, Dans la peau d’un intouchable.
Conséquence de tout cela, le plus horrible se produit parfois quand une fille nait : l’infanticide. Et avant la naissance, l’avortement sélectif fait des ravages. Depuis 1994, une loi interdit d’ailleurs l’échographie visant seulement à connaître le sexe du futur enfant. Mais nombre de cliniques ne la respectent pas. Les chiffres disent qu’en conséquence de ces deux pratiques (avortement sélectif et infanticide), il ‘manque’ aujourd’hui environ 60 millions de femmes en Inde.
Ci-dessous, une petite vidéo réalisée par le gouvernement indien. Objectif : sensibiliser l’opinion publique. Véritable engagement politique ou acte de déculpabilisation ?


2. Mariage - « Get used to choice »
En Inde, le mariage arrangé est la réponse à plusieurs phénomènes. Le système des castes tout d’abord. Bien qu’officiellement aboli en 1950, ce système continue de régir pour partie la société indienne. Surtout dans les campagnes, où le fossé entre les castes les plus élevées (brahmanes) et les castes inférieures (intouchables) est loin d’être comblé. Chacun sa caste, chacun son métier, généralement lié à celui du père. Et c’est, entre autres, pour perpétuer cette tradition que les familles se mettent d’accord sur une union entre leurs enfants : le couple doit appartenir à la même caste. Ainsi qu’à la même religion. Les quelques indiens avec lesquels nous avons pu parler du mariage arrangé s’expriment généralement en faveur de ce système : l’objectif du mariage, c’est avant tout de s’assurer une base prospère et solide pour construire une famille. L’amour vient après. Ou pas.
Bien sûr, comme le reste, cela change et il y a aujourd’hui de plus en plus de mariages d’amour. Une étude révèle d’ailleurs que le nombre de divorces a doublé en vingt ans ! Dans les grandes villes, les filles sont de plus en plus éduquées et sont maintenant nombreuses à faire des études universitaires (elles représentent près de 40% des étudiants de 2ème et 3ème cycle).
Les publicitaires ont bien compris qu’il y a un public à conquérir en jouant avec humour sur l’imbrication tradition/évolution. La publicité suivante a été réalisée par un bouquet satellite. Son slogan, ‘get used to choice’, parle de lui-même.



3. La mort de l’époux – Quelle place pour les veuves ?
Jusqu’en 1829, l’Inde pratiquait ce que l’on appelle la Sati. Le mot est joli et ne laisse pas, quand on ne le comprend pas, deviner l’horreur qui se cache derrière : la sati c’est l’immolation, sur l’autel funéraire de son époux, de la femme devenue veuve. Un proverbe disait alors : « Si la petite fille brûle, si les cendres volent, l’honneur de la lignée est chose faite ». Fort heureusement, cette pratique a été abolie mais quelques très rares cas font encore parler d’eux. En moyenne, un par an disent les chiffres. Et généralement, dans les régions les plus défavorisées du pays. C’est encore trop.
Aujourd’hui, le statut de veuve en Inde reste peu enviable. La veuve est responsable du décès de son mari, « dont elle n’a pas su retenir l’âme », explique un article publié dans l’Express en 2003 (http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/l-exil-des-veuves-blanches_492277.html). De plus, elle porte le mauvais œil. Souvent, elle est rejetée par sa belle famille pour qui elle devient un poids plus qu’autre chose. On lui retire tous les symboles du mariage : les bracelets, le bindi collé sur le front et censé lier l’âme des époux.
Elles sont aujourd’hui plus de 20 000 à devoir mendier pour survivre.
Là encore, j’ai trouvé une publicité qui tourne en dérision ce fait de société : puisque le bindi unit les âmes et que la femme n’a su retenir celle de son mari, cette marque propose une solution qui garantit le retour de l’âme chérie…. Et empêchera la femme de sombrer dans la misère.



Et voilà, c’est la fin de cet article ! J’espère ne pas avoir sombré dans les clichés et ne pas y avoir intégré trop d’erreurs… Si le sujet vous intéresse, je vous recommande ce livre que je viens de lire. L’histoire se déroule dans le wagon d’un train de nuit, à l’époque où les trains indiens étaient encore compartimentés hommes / femmes. Des femmes, mariées, célibataires et veuves, se rencontrent et se racontent…
Compartiment pour dames, Anita Nair

lundi 16 novembre 2009

Episode 2: Shilou et Michou dans un mariage hindou

A gauche, je vous présente Shilou. Au milieu, Michou. Et à droite, Nanar.
Et là vous vous dites, avec des petits noms comme ça et l’improbable chapeau qu’elles portent sur le haut du crâne, elles ont participé au défilé automne/hiver de 2010.Eh ben non. Même pas.
Nous sommes juste allées assister à un mariage dans l’Himalaya….
Vous vous souvenez, le dernier post : Shimla, les bouddhistes, le monastère, tout ça ? C’était la première étape de notre périple montagnard. Et le lundi matin, nous avons repris la route pour un tout autre décor : un petit village tout petit (si petit qu’il tiendrait dans une boite en carton), peuplé des amis et de la famille d’Amul (un collègue de Mathilde), réunis pour le mariage de ce même Amul.
Pour nous y rendre, il n’y a qu’une solution : un bus des années 30 aux sièges défoncés et rempli jusqu’à ras bord. Au moment où nous quittons Shimla, un orage pointe le bout de son nez dans le ciel ombragé. Pas bien rassurant, surtout quand on sait que plusieurs heures nous attendent sur les routes en zigzag, mais pas le choix, on ferme les yeux et c’est parti ! Le bus a à peine dépassé les premiers virages en pente raide qu’une jeune indienne en sari rose fluo ouvre sa fenêtre pour laisser échapper sa nausée à coups de grands raclements de gorge… Il n’en faut pas plus pour stresser Mathilde et pour amplifier le mal au cœur qui me menace depuis le départ… Le chauffeur donne des grands coups de frein, double dans les endroits les plus improbables et il n’y a rien sur le bas côté pour nous séparer du précipice que je fixe avec anxiété… J’ai envie de lui crier de se dépêcher, ou au contraire de ralentir, je ne sais pas trop. Je finis par essayer de dormir, espérant que ça passe. Dommage, les paysages sont absolument magnifiques !
Et tout à coup, alors que l’on pensait n’être qu’à la moitié du chemin, notre bus s’arrête en pétaradant sur un parking et on nous presse de descendre : Ghumarwin, Ghumarwin ! En deux temps trois mouvements, j’ôte mes chaussettes vertes à pompons pour remettre mes tongs et on descend du bus en sautillant, le sac à peine accroché sur le dos. Nous voilà sur un parking inconnu, offertes aux regards curieux des villageois qui nous détaillent comme si c’était jour de fête. Notre bus repart en un clin d’œil, nous abandonnant sur cette placette aux milles odeurs de chai et de légumes. Nous avons un léger doute : après tout, qu’est ce qui nous certifie que c’est bien Ghumarwin ? A part la voix de cet homme qui nous a poussées à descendre, aucun panneau ne précise que nous sommes au bon endroit. Nous scrutons les affichettes de la gare et des échoppes alentour. Devant une épicerie, enfin, une adresse est indiquée. C’est bon, c’est bien là. Comme il est encore tôt, nous décidons de faire un petit tour dans les ruelles de ce village fort appétissant. Les couleurs se font concurrence, le sol est terreux, l’Inde s’immisce dans nos narines, la montagne nous observe… c’est le bonheur ! L’endroit est tout petit et les touristes doivent rarement y mettre les pieds. Très vite, nous devenons le centre de l’attention. Des jeunes écoliers se réunissent et commencent à nous suivre, le moindre de nos gestes les amuse. Nous nous posons devant un café : on entre, on n’entre pas ? Ils sont une vingtaine maintenant, peut être plus, en cercle autour de nous et qui nous regardent en chuchotant. Un vrai fan club ! Finalement, on se décide et on entre boire un chai et rassasier nos estomacs. Quelques étudiants nous suivent et s’installent à la table d’à côté. On se sent observées, détaillées, mais ce n’est pas gênant. Rien à voir avec les regards appuyés et parfois malsains de Delhi. Derrière le bar, un petit jeune homme me lance des sourires timides à chaque fois que je tourne les yeux vers lui. Et quand il voit que je le remarque, il regarde ses collègues, gêné, et pouffe comme un adolescent qui passerait devant la porte ouverte d’un vestiaire de filles. C’est drôle.
Une petite heure plus tard, un jeune indien débarque dans le café et se dirige droit sur nous. C’est un ami d’Amul, il vient nous chercher pour nous accompagner au mariage. En fait, ce n’est pas à Ghumarwin mais dans un village des alentours. Encore plus petit. Tout petit. Un alignement de maisonnettes au fond de la montagne…Manou (l’ami d’Amul) appelle un taxi et hop, nous revoilà parties sur les routes. En chemin, nous nous arrêtons pour prendre Naresh, un autre ami.
Sur la montagne avec Mono
Nous sommes 3 à l’arrière de la petite automobile, serrés comme des frites dans un sachet, et nous nous laissons guider sur les chemins de montagne. A un moment donné, le chauffeur tourne sur la droite et s’enfonce dans un chemin terreux. Je n’aurais jamais remarqué ce chemin si nous ne l’avions pas pris. C’est comme une porte secrète vers un lieu caché. Et en effet, le village où nous nous rendons est bien caché. C’est incroyable de débarquer là. Petites ruelles pavées (est-ce que ça mérite même le nom de ruelles ?) serpentant entre des bicoques aux portes ouvertes, troupeaux de vaches alanguies reposant à l’ombre des murs, femmes en saris qui glissent de pierrre en pierre. C’est joli comme dans Heidi et là encore, on tombe amoureuses. Tout de suite.
Naresh et Manou nous guident dans une petite pièce où la famille vient nous saluer, tour à tour. D’abord Amul (le futur marié) puis le père, la grand-mère, les sœurs et les enfants, les frères et les beaux frères, les amis, les oncles et les tantes. Ils entrent, nous serrent la main, interrogent Amul en hindi pour savoir qui nous sommes puis repartent. Un petit tour et puis s’en vont… la plupart des habitants du village ne parlent que l’hindi : nous communiquons à force de sourires. On nous sert un chai, un verre d’eau et puis on nous montre la salle de bains. On pensait éventuellement prendre une douche, se changer. Quelle idée ! La salle de bains est une petite pièce de la taille d’une penderie, d’un côté un robinet, de l’autre un mur nu. Nous entrons, bien décidées malgré tout à nous passer un coup de peigne et à nous débarrasser, d’une manière ou d’une autre, des odeurs du bus et du voyage… Mais manque de chance : à peine nous sommes-nous enfermées dans ce petit réduit qu’une panne d’électricité tombe sur le village. Et la nuit est déjà tombée. Un coup de déo, un brossage de dents avec crachage à même le sol, et nous ressortons. Les petites robes que nous avions amenées pour l’occasion (Oui oui, nous avait dit Amul, habillez-vous comme pour un mariage européen, les gens vont adorer !) resteront dans nos sacs pendant les deux jours à venir. Je me vois mal porter une robe dos nue et des chaussures à talons dans ce village où les femmes sont couvertes des pieds à la tête, où le froid commence à faire des siennes et où il est prévu que nous mangions à même le sol, la main dans la bouillie. En guise de robe, nous sortons donc des sweats bien épais et je suis presque tentée de remettre mes chaussettes de grenouille. Mais je me retiens : mes tongs feront l’affaire.
Un peu plus tard, on nous conduit dans la cour, centre névralgique du village. Ce soir, la mariée n’est pas là, il n’y a que la famille, les voisins et les amis d’Amul. Et pour cette première journée, les femmes sont à l’honneur (le mariage se déroule sur trois jours). Elles sont assises sur des chaises en bois, dehors, les visages éclairés à la lueur des bougies, et entonnent des chants que nous ne comprenons pas mais que nous écoutons avec ravissement. Quand elles remarquent notre présence, un étonnement joyeux parcourt l’assistance et leurs regards deviennent pétillants. Du coude, elles se passent le mot : Il y a des étrangères, regarde... Là encore, elles rient en nous observant. Est-ce le sweat ? Les cheveux pas lavés ? J’en doute. C’est notre présence, tout simplement, qui les amuse…
Nous restons là un petit moment et puis Amul nous dit de suivre ses amis, Naresh et Manou. On ne sait pas où ils nous emmènent, mais on y va. On traverse les ruelles du village dans la nuit noire et épaisse, et nos chevaliers servants nous prennent par la main pour nous éviter de trébucher sur une pierre ou de faire un plongeon dans une bouse de vache géante. Ça y est, on a à nouveau 15 ans… Eux, connaissent le chemin par cœur. Nous, nous découvrons et c’est complètement rocailleux sous nos pieds, ça grimpe, ça descend, ça glisse, on ne voit rien. Il nous faut vingt bonnes minutes pour parcourir quelques mètres et nous arrivons enfin dans une petite maison, tout en bas du village. C’est là qu’habite la sœur d’Amul. Et c’est là aussi qu’a lieu la contre-soirée. Contre-soirée ??? Eh oui, dans le village et donc pour le mariage, l’alcool est interdit. Alors les jeunes indiens ont décidé d’organiser leur propre apéro, sur la table basse d’une chambre aux murs blancs. De vrais ados, qui se cachent pour boire leur whisky-coca. Ils ferment la porte à clé : ils ont peur qu’un oncle entre par mégarde ou pire, une femme ! Nous, ça ne les dérange pas. Nous sommes étrangères et ils ont pensé que nous serions mieux avec les jeunes garçons qu’avec les femmes qui chantent le village. Soit. On était bien aussi, sur nos chaises en bois, à écouter leurs chants danser sous la lune. Mais de toute façon, nous n’avons pas le choix. Nous avons été placées pour ce mariage sous le haut patronage de Naresh et Manou, qui se font un devoir d’être à nos côtés et de nous emmener partout où ils vont. Heureusement, l’ambiance est plutôt sympa et on discute une bonne heure avec toute cette bande de vieux copains d’enfance, qui nous bombardent de questions. Comme nos prénoms leur semblent imprononçables, ils décident de nous rebaptiser. Pour moi, ce sera Shilou. Et pour Mathilde, Michou. J’avoue que ça me plait bien, Michou! ….
Pour se venger, on décide de faire pareil: Manou devient Mono, et Naresh Nanar. ça leur va à ravir.
Un peu plus tard dans la nuit, nous retournons dans le cœur du village. Le diner est commencé : c’est comme à la cantine, il y a plusieurs services. Notre tour vient enfin. On s’assoit sur le chemin terreux, le long d’une bande creusée dans le sol et dans laquelle cuisent les différents plats. Un homme en pagne dépose devant chaque convive une assiette faite avec des feuilles d’arbre accrochées les unes aux autres par des petits morceaux de bois. Ensuite, des hommes défilent, avec à la main des seaux remplis de nourriture. On nous sert à la louche : riz, dal, légumes épicés. Et on mange avec la main, la droite bien sûr puisque la gauche est impure et que l’on ne doit jamais s’en servir pour manger. On malaxe le riz, la sauce et les légumes pour essayer de faire des petites boulettes que l’on s’envoie ensuite dans le gosier. Les indiens font ça sans y penser, la tête baissée vers leur assiette. Nous, nous devons lever les yeux au ciel pour jeter dans notre bec les bouchées mal roulées de riz et de dal. Evidemment, on s’en met partout. Le repas est simple, mais excellent. C’est tellement différent d’un mariage européen ! Peut être aussi parce que l’on est dans un petit village…On arrive, on s’assoit et on mange en silence. Le chemin sert de salle, le sol sert de table. Pas besoin de passer des nuits blanches à remanier son plan de table et à se demander si X peut vraiment être assis à côté d’Y sans que ça ne se finisse mal.


Le lendemain, petit cours de cuisine....

Le 'wedding dinner'

Vous nous imaginez là, en petites robes à bretelles? Pas possible...


Le lendemain, avec Amul décoré de billets....
Les invités vont et viennent à leur guise, depuis la cour d’où montent le chant des femmes jusqu’au chemin où le diner est servi. Il y a du monde dans toutes les pièces de la maison. Dans la pièce principale, des femmes ont déposé couvertures et oreillers, elles papotent pendant que les enfants jouent, une vieille femme s’est endormie. Nous mangeons en dix minutes et on se lève, laissant la place aux suivants. L’homme en pagne débarrasse nos assiettes en feuilles, que l’on a roulées pour montrer que c’est fini, et sert les nouveaux convives. L’idée n’est pas de faire un bon diner, mais de nourrir tout le monde. Tout le village, tous les amis, toute la famille. Des kilos de riz cuisent dans les marmites, des centaines de pommes de terre sont épluchées. Et ils épluchent encore. Le lendemain midi, ce sera pareil.
Après le diner, nous nous installons dans la pièce principale. Amul est là, accompagné de l’homme qui officie la puja. Pendant deux jours, on prépare le marié. J’imagine qu’il en est de même, de son côté, pour la mariée : mais personne n’a réussi à bien nous éclairer là-dessus, et Amul n’était évidemment pas assez disponible pour tout nous expliquer. Pendant la puja du soir, Amul va devenir ‘un homme responsable’, nous explique son père. Quand la prière est terminée, on nous fait venir au centre, Michou et moi, et on nous barbouille le visage de poudre jaune et rouge. Les femmes rient, elles nous disent que c’est ce que l’on fait à ceux qui ne sont pas encore mariés. Je ne sais pas si c’est vrai. Nanar et Mono ont eux aussi droit à ce petit peinturlurage. En nous observant tous les 4 réunis devant l’assemblée, je glisse à Mathilde qu’ils sont peut-être en train de nous marier en douce. A ma décharge, il faut dire que l'on ne comprend rien à ce qui se passe...
Après la puja, nous assistons à la tradition des ‘allers-retours’ (je ne sais pas comment ça s’appelle en vrai). Les femmes, nous comprises, sont alignées sur deux rangs et Amul passe entre nous, porté par ses copains. On nous distribue des grains de riz. Youpi, on se dit, enfin un truc qu’on connait ! A son premier passage, on s’apprête à les lui jeter mais… nous sommes arrêtées dans notre élan par les autres femmes : c’est pas du tout comme ça qu’il faut faire…. Amul porte sous le bras une grande besace que nous devons remplir à chacun de ses passages avec les grains de riz: 4 au total. On n’en attendait pas tant et avons versé tout notre riz lors du premier. Tant pis, aux passages suivants on fait semblant. C’est pendant ces ‘allers-retours’ qu’Amul peut encore revenir sur son Oui et refuser de se marier. Bon, j’imagine que ça ne doit pas arriver très souvent. Voire jamais. Les familles se sont mises d’accord sur cette union, et ont interrogé les astres qui leur ont confirmé qu’elle serait fructueuse. C’est donc difficile de faire demi-tour… Les allers-retours sont terminés et Amul n’a pas dit non. Tout va bien.

Il est temps de danser, maintenant ! La grand-mère d’Amul vient me prendre par la main pour m’entrainer dans une farandole qui me semble bien compliquée. Je tente tant bien que mal de copier les petits déhanchés de ces jeunes indiennes, mains en l’air, le pouce et l’index collés l’un contre l’autre. C’est assez catastrophique, mais il faut bien essayer !

La nuit est bien avancée quand on nous guide à nouveau à travers le village pour nous amener dans la maison de la sœur d’Amul. C’est là que nous passerons la nuit et que, le lendemain matin, nous nous laverons avec un seau d’eau bouillante.
Quand le jour se lève, la beauté du paysage nous saute aux yeux. La maison a une petite terrasse sur le toit qui offre une vue incroyable sur les montagnes de l’Himalaya. Quel silence….
Comme la veille, notre emploi du temps est désordonné. Sieste dans une des pièces de la maison au beau milieu de l’après midi, déjeuner sur le chemin de terre (c’est bon, on est expertes en gobage de boulettes maintenant !), remise des cadeaux (léger malentendu : nous donnons le notre en même temps que la famille alors que les amis étaient censés attendre le soir… Il faut vraiment qu’on se mette à l’hindi…), balade dans les montagnes….
En fin de journée, le village doit accompagner Amul dans la maison de la mariée. Nous partons en voiture avec Naresh et Manou et faisons un arrêt chez Nanar. Pourquoi ? Pour se changer, pardi. Sa mère, sa grand-mère et ses sœurs nous font un accueil digne que celui que je réservais autrefois à mes poupées Barbie au pied du sapin de Noel. Pendant que Naresh met son plus beau costume, elles nous enferment dans la chambre, bien décidées à nous transformer en jeunes indiennes. Elles nous coiffent, nous passent de la crème sur le visage, nous collent un bindi sur le front et nous déshabillent pour nous faire entrer dans des tuniques sorties de leurs placards. Avant de nous laisser repartir, elles nous offrent à chacune un chapeau typique de l’Himachal Pradesh. Un look à tomber par-terre…

Enfin, nous arrivons dans la maison de la mariée… mais point de mariée à l’horizon. Elle est cachée à l’intérieur et n’apparaitra qu’à la fin de la Puja. Pendant ce temps, on nous conduit dans une pièce où sont servies des sucreries. Une ribambelle d’hommes de tous âges sont assis en rang d’oignons et, silencieux, enfournent les pâtisseries qui leur sont servies sans relâche. C’est impressionnant, surtout quand toutes ces paires d’yeux commencent à nous scruter. Quand il ne reste plus une miette, les plus jeunes commencent à danser. Entre hommes. Les femmes sont peu nombreuses dans cette pièce, et celles qui sont là se contentent de regarder. Amul, lui, doit rester assis sur sa chaise. Il porte autour du cou des colliers de billets de 10 roupies, cadeaux ayant pour vocation d'apporter la richesse sur son futur foyer.
La soirée touche à sa fin. La mariée, celle que l’on attend depuis le début, arrive enfin. Elle est belle, discrète et le regard baissé. Pendant qu’Amul, un peu distrait, regarde autour de lui ce qui se passe, elle reste concentrée sur le sol à ses pieds et semble à peine ciller.


Malheureusement, il est l’heure pour nous de partir. Un bus de nuit nous attend, direction Delhi. On n’a pas du tout envie de quitter ce village, ni ces montagnes. On n’a pas envie de quitter le silence, ni le chant des femmes dans la nuit. Ni Nanar et Mono, nos sympathiques garçons d'honneur.
Mais le devoir nous appelle... En route, Michou!

mercredi 11 novembre 2009

La montagne, ça nous gagne! (1/2)

Episode 1: Vis ma vie de moine bouddhiste à Shimla


Vendredi soir, c’est jour de fête. Nous partons pour 4 jours de voyage et de repos bien mérité (surtout pour Mathilde !) dans l’Himalaya. Notre première destination : Shimla, un petit village situé dans la région de l’Himachal Pradesh.

Se rendre à Shimla : deux trains, deux ambiances
21h. Nous sommes sur le quai de la gare et le voyage commence en beauté. D’habitude, quand nous prenons un train de nuit, nous voyageons en seconde classe : un confort qui n’égale pas celui de la première, mais qui est amplement suffisant pour passer une bonne nuit. Mais cette fois, nous n’avons trouvé aucune place en seconde classe. Ni en troisième. Nous atterrissons donc en classe ‘Sleeper’ qui, vous l’aurez compris, arrive après… tout le reste ! Au départ, on ne voit pas trop bien la différence. Les couchettes sont les mêmes, elles sont juste un peu plus nombreuses : il y en a 3 par 'étage' au lieu de 2. Bof, on est allongées de toutes façons, ça ne change pas grand-chose. Bon, nous découvrons peu après le départ que les toilettes sont un peu plus sales et sentent un peu plus mauvais … Et ce robinet, là, dans le couloir, c’est vraiment un robinet ou c’est une poubelle ? Et pourquoi l’entrée des wagons est-elle gardée par des hommes armés ? Hummm…. Mais la plus grande surprise reste à venir : en classe Sleeper, du moins dans notre wagon, les fenêtres sont cassées ou ferment mal. Et il n'y a pas de distribution de couverture. En haute saison, ça ne serait pas gênant, bien au contraire. Mais là, les nuits commencent à sérieusement se rafraichir, surtout que nous filons droit sur la montagne. Bref, impossible de fermer l’œil : le petit vent glacial qui s’infiltre dans le wagon et qui s’amplifie à chaque fois que le train fait une poussée de vitesse est bien décidé à nous en empêcher. D’autant qu’en voyageuse bien organisée, j’ai pensé à prendre une polaire mais… je suis partie en tongs ! On ne se refait pas… Nous débarquons à Kalka vers 5h du matin, frigorifiées et peu dynamiques… Là, un autre train nous attend, direction Shimla. Et là, changement de décor: ce train est magique ! C’est un tout petit train bleu, composé d’une dizaine de wagons qui ne communiquent pas les uns avec les autres et qui n’accueillent chacun que 8 passagers.

On passe tout à coup des odeurs nauséabondes à l’air frais de la montagne et de la nuit glaciale qui n’en finit pas au lever du soleil sur les sommets. Le trajet dure 5 ou 6 heures, je ne suis plus très sûre, et on se croirait au cœur d’un paysage inventé pour le seul bonheur des yeux. Le train sillonne entre les vallées, traversant des petits villages accrochés à flanc de montagne. Quand nous arrivons à Shimla quelques heures plus tard, nous sommes déjà complètement dépaysées ! Delhi nous semble bien loin….
Mathilde me présente ses nouveaux amis (nous n'étions pas dans le même wagon): un moine bouddhiste (que j’appellerai Rupi, parce que j’ai oublié son nom complet) et une femme irlandaise qui suit son enseignement. Ils se rendent dans un monastère sur les hauteurs de la montagne et proposent de nous y emmener avec eux. L’invitation est plutôt surprenante et au départ, je ne suis pas très sûre. J’ai vraiment envie de visiter Shimla et j’ai peur que le monastère soit tellement loin qu’une fois là bas, nous ne puissions plus bouger… Mais nous n’avons pas tellement le temps de réfléchir : une camionnette se gare devant nous, les portières s’ouvrent et un groupe de moines bouddhistes se matérialise devant nous, prêts à embarquer nos valises à l’arrière, et nous avec. Nous suivons donc Rupi et toute sa troupe et nous voilà, mal réveillées et ne sentant pas la rose, sur le siège arrière d’une camionnette conduite par un jeune tibétain plein d’allant. Et en route pour l’aventure ! Nous traversons le village de Shimla, puis celui de Sanjauli (peu mentionné dans les guides mais dont nous tombons pourtant instantanément amoureuses) et nous engouffrons dans un chemin de terre et de cailloux au sommet duquel se dresse le monastère. Les moines nous font descendre avant l’arrivée : la camionnette est trop chargée, elle n’y arrivera pas si nous restons tous entassés à l’intérieur…
Quelle vue quand nous arrivons là haut. Et c’est tellement paisible ! J’avais presque oublié le bruit du silence…








Nous suivons Rupi et son élève dans une petite pièce où les moines nous accueillent avec un déjeuner que nos estomacs ne refusent pas. C’est bon, et c’est chaud, et nous mangeons tout en écoutant Rupi nous parler du bouddhisme et de sa philosophie. Il est très sympathique, ce petit moine grassouillet qui explose parfois de rire sans raison. Il nous raconte sa vie, le Tibet puis l’Australie où il est allé s’expatrier, l’enseignement qu’il prodigue, son voyage en Inde à la rencontre des monastères, et nous nous sentons libres de lui poser toutes les questions qui nous viennent à l'esprit. On dirait qu’il est content d’avoir face à lui deux petites novices avides d’en savoir plus sur son choix de vie, et sur sa religion. Quand nous lui annonçons que nous avons envie d’aller faire un tour dans les rues de Sanjauli après le déjeuner, il nous sermonne gentiment. Pourquoi aller en ville, pour acheter des choses ? Mais pourquoi a-t-on besoin de ‘choses’ ? C’est bien aussi, de ne rien avoir, dit-il en sortant de sa poche un téléphone portable qu’il porte à son oreille et en allumant la télévision… (eh oui, surprise, il y a une télévision – et même un lecteur DVD – dans cette petite pièce par ailleurs complètement dénudée). [Rires].

Pas de méprise: il ne s'agit pas de croissants pas cuits, mais de pain tibétain.

Un peu plus tard, il discute en tibétain avec un jeune moine venu nous servir du chai, et nous explique ensuite en riant qu’il a un peu menti sur notre identité. Ah oui, comment ça ? J’ai dit que vous étiez mes élèves, et que vous vous prépariez à devenir nonnes. Quel petit farceur, ce Rupi ! Nous voilà donc transformées en futures nonnes bouddhistes, et Rupi nous apprend les rudiments pour que nous ne soyons pas démasquées. Le geste à faire quand nous croisons un moine (joindre les deux mains, comme pour saluer un hindou) et la posture à tenir pour faire une offrande au Lama. Le Lama, auquel nous allons rendre visite après le thé. Nous lui offrons des foulards que Rupi nous a remis entre les mains, et quelques roupies dans une enveloppe. Le Lama est dans sa chambre, une petite pièce fraîche dont les murs sont recouverts de photos et d’offrandes. Il est sagement assis en tailleur sur son lit et reçoit au fil de la journée visites et hommages. Il a un regard particulier : à la fois doux et patient.
Un peu plus tard, nous nous rendons au village, effectivement très joli, et quand la nuit commence à tomber nous reprenons le chemin du Monastère. Et bien sûr, on se perd. A l'aller, ça avait l’air simple, pourtant. Tellement simple qu’on n’a pas pensé à regarder vraiment où nous marchions. Il fait nuit noire et nous voilà en train de gravir des marches sans bien savoir si ce chemin là nous mènera dans notre refuge tibétain. Une chose est sûre : plus ça monte, plus nous sommes dans la bonne direction. Mathilde la téméraire marche devant, en éclaireur, pendant que je râle (un peu) à l’arrière parce que s’il faut tout regrimper pour tout redescendre, merci… Et ces petits bruits, là, dans les fourrés, ça ne serait pas des singes à la recherche de viande fraiche ? Heureusement que j’ai mon éclaireur-fonceur pour me motiver… On grimpe, on grimpe… et au moment où l’on commence à perdre espoir, nous apercevons de la lumière. Sauvées ! Mon soupir de soulagement doit encore résonner au fond des vallées…
Nous nous réunissons une nouvelle fois dans la petite pièce qui sert de salon / salle à manger et c’est parti pour un vrai repas de montagne, bien chaud et bien copieux. Les moines se couchent tôt et à 20h30 il n’y a plus un bruit dans le monastère. Mathilde et moi nous dirigeons à petits pas vers les douches (porte coupée sur le haut bien sûr, qui laisse passer le froid de la nuit) pour un dernier brossage de dents réglementaire… Et là, c’est le drame. Je vous passe les détails, mais Rupi a apparemment mal digéré sa grosse assiette du soir… et il a choisi la cabine à côté de la nôtre. Fou rire nerveux, on a 15 ans tout à coup et on s’enferme dans la douche pour ne pas avoir à le croiser lorsqu’il sortira de son antre. On parvient presque à se maitriser, mais pas Rupi. Et quand je lance Mathilde sur la douce mélodie de Chausséééé auuux Moiiines, c’est reparti pour un quart d’heure d’adolescence…Bref, à part ça, la nuit fut paisible. Nous nous réveillons à 8h pour le petit déjeuner et la Puja : une cinquantaine de petits moines, entre 3 et 18 ans approximativement, assis en rangs dans l’enceinte du temple et qui mêlent leurs voix à celle de la musique sous la haute présidence du Lama. Etre là en ce dimanche matin, c’est complètement surréaliste. La puja dure une bonne heure, après quoi nous nous offrons le plaisir d’une petite balade autour du Monastère. Plus en hauteur, nous trouvons un petit coin d’herbe prêt à nous accueillir et nous passons là une partie de la matinée, avec vue grandiose sur la montagne et ses villages.


En début d’après midi, nous faisons nos adieux aux moines et repartons, sacs au dos, sur les chemins. A Sanjauli, nous attrapons au vol un bus pour Shimla et 10 minutes plus tard, nous descendons dans la gare routière du village. Shimla s’étale sur plusieurs niveaux, et nous aimerions trouver un hôtel tout là haut, auprès de l’Eglise. L’exercice devient vraiment physique (du moins pour moi, Mathilde a toujours une bonne longueur d’avance….) : les ruelles serpentent entre les marchés colorés, et il faut les grimper, marche après marche, pour toujours parvenir à un nouvel angle derrière lequel, toujours, se cache une nouvelle volée de marches… Heureusement, le spectacle de la rue m’occupe les yeux. Stands de bric-à-brac, échoppes enfoncées dans les murs et… singes qui se baladent librement dans la ville ! Enfin, nous parvenons au sommet et là, O Surprise, on atterrit sur une large rue pavée bordée de vrais magasins, sans voitures et sans déchets. Shimla a un petit goût d’Angletterre (en plus indien et en plus montagneux…) : l’écossais Charles Kennedy y a construit en 1819 sa résidence d’été, sortant ainsi l’endroit de l’anonymat, et la ville en porte toujours sa marque. Ici, les poubelles débordent mais il est interdit de jeter ses déchets dans la rue. C’est déjà ça. En Inde, des poubelles on en voit peu, pour ne pas dire jamais. Il est interdit également d’utiliser des sacs en plastique. Et de cracher dans la rue (activité que les indiens pratiquent partout ailleurs avec un enthousiasme débordant). Shimla, c’est un petit bout d’air pur, un coin où il fait bon marcher sans avoir à surveiller le trafic autour de soi. Et c’est vraiment beau. Nous trouvons un petit hôtel sur les hauteurs et y posons nos sacs avant de partir à l’assaut du village.







Quand la nuit commence à tomber, nous regagnons notre petite chambre. Et nous posons sur le balcon pour admirer une dernière fois la vue sous les étoiles… Il fait froid : la polaire et les chaussettes vertes sont indispensables. Un look inimitable, en somme…


Bientôt sur vos écrans, l'épisode 2: Shilou et Michou sont invitées à célébrer un mariage hindou.