jeudi 29 octobre 2009

Bollywood Time - 1,2,3 Tournez!

Déjà plus de 3 mois en Inde! Et un nombre incalculable d'aventures....

Ci-dessus, quelques petites vidéos de notre quotidien un peu spécial.

Vidéo 1: Lampe torche sur le front et spatule en mains, Mathilde vous donne un cours de cuisine... pendant une coupure d'électricité!

Vidéo 2: Voyage en bus... Klaxons, routes encombrées, paysages magnifiques... tout est normal jusqu'à ce qu'un pied fasse irruption: celui de notre voisine de bus, assise sur le siège arrière.

Vidéo 3: Que fait-on quand il n'y a pas de vélib? On fait du cheval, pardi! Et je suis aux commandes...

Enjoy

lundi 26 octobre 2009

Jodhpur: la grande Bleue

En Inde, un mot d’ordre pour voyager : Improvisation.
Après une nuit agitée dans le train qui relie Delhi à Jodhpur, ponctuée par le blabla intempestif de notre jeune voisin de couchette qui a voulu profiter de l’occasion d’avoir deux touristes sous la main pour mettre à profit ses quelques leçons de séduction (euh… à revoir…), nous débarquons samedi matin dans celle que l’on appelle ‘la ville bleue’. Pourquoi bleue ? Eh bien parce que la plupart des maisons y sont peintes de cette couleur : cela indiquait leur appartenance à la caste des brahmanes. Et, pour faire d’une pierre deux coups, sachez que le bleu protège également de la chaleur et des moustiques…
Et c’est bien utile. Parce qu’au Rajasthan, il fait chaud. Très chaud. La ville se réveille à peine quand nous arrivons dans la gare, mais la chaleur nous enveloppe déjà de toute sa force. Une bouteille d’eau dans une main et le Lonely Planet dans l’autre, nous trouvons un petit coin ombragé sur le parvis où nous nous installons, le temps de réfléchir à la suite du programme. Rien n’est prévu… à part l’hôtel dans lequel nous allons dormir. Ça a du bon de travailler dans une agence de voyage : grâce au job de Mathilde, nous sommes gracieusement invitées à passer la nuit dans un hôtel ‘de luxe’, à une dizaine de kilomètres de Jodhpur. Et j’avoue, ça ne fait pas de mal de temps en temps. D’autant qu’ici, le luxe a l’avantage d’être culturellement intéressant : ces hôtels sont souvent construits dans d’anciennes havelis ou palais de Maharajah, et l’architecture et la déco valent le coup d’œil…
Mais avant d’aller poser nos bagages, la priorité est de satisfaire nos estomacs, qui commencent à sérieusement gronder. On feuillette le Lonely en quête d’une bonne adresse petit-déjeuner, mais il ne nous est pas d’une grande aide. Tant pis, nous décidons de grimper dans un rickshaw et lui indiquons la direction de la vieille ville.
Un petit mot, ici, sur les rickshaws de Jodhpur : ce sont de vraies petites merveilles !! Beaucoup plus spacieux que ceux de Delhi, colorés de jaune et noir (ceux de Delhi sont un mélange de jaune et de vert), flamboyants…. On a l’impression de voyager dans un petit musée bollywoodien : si à Delhi les chauffeurs collent souvent une photo de leur acteur (ou, plus souvent, actrice) préféré sur le pare-brise, ici c’est incomparable : de belles photos bien nettes sur papier brillant, des autocollants ‘love is life’, des tags sur tout l’intérieur de la bête (cœurs, trèfles et autres dessins, …). On montre du doigt, on s’extasie, bref on adore !



Le rickshaw nous dépose à l’entrée d’une petite rue et un petit hôtel dont la pancarte indique ‘cafe and restaurant on the roof top’ nous fait tout de suite de l’œil (Sarvar Guest House). Nous grimpons nous installer sous le regard accueillant du propriétaire (à peine plus âgé que nous) et c’est là, sur cette petite terrasse dorée par les rayons du soleil et devant un chai aux relents épicés, que notre week-end commence et prend forme. Le petit déjeuner devait durer une demi-heure… nous y restons trois heures. Très vite, nous sympathisons avec le jeune propriétaire qui vient s’installer à notre table et avec qui nous partageons chais et cafés, parlant de tout et de rien, de l’Inde et de Jodhpur, de Paris et de Delhi. En fin de matinée, nous sommes ici comme chez nous et puisqu’il nous le propose si gentiment, nous décidons de laisser nos sacs dans une chambre vide et d’aller nous balader dans la ville… l’hôtel peut bien nous attendre. Pendant les deux jours qui vont suivre, ce petit coin de bonheur va devenir notre QG …
Mathilde veut visiter quelques hôtels pour son boulot et bien sûr, je l’accompagne ! C’est souvent un régal pour les yeux que d’entrer dans ces grandes chambres décorées à force de peintures du Rajasthan. Nous nous dirigeons donc vers l’hôtel d’un ami de notre nouvel ami, où nous sommes accueillies avec un grand sourire et une invitation à déjeuner (que malheureusement nous déclinons… on ne va quand même pas passer la journée à table…). La rencontre avec cette ville est franchement agréable. Après la dureté de Delhi et les regards silencieux mais pesants que nous croisons souvent, ça fait un bien fou…
Après avoir visité l’hôtel, nous décidons de déambuler dans les rues. Petit tour par une boutique de tissus où, pieds nus et assises en tailleur sur les tapis, nous nous régalons d’un défilé de tissus (ça se passe comme ça ici : on s’assoit et le vendeur déballe sa marchandise… ensuite, on achète ou on n’achète pas…). A 50 cts les 2 mètres, nous devenons les heureuses propriétaires de plusieurs mètres de couleurs… que nous enfournons dans nos sacs avant de retourner à la rue rocailleuse et poussiéreuse (mais si agréable à parcourir ! Pourquoi ? je ne sais pas…)



On nous a parlé d’un marché d’épices, aux alentours de la Clock Tower. Alors nous demandons notre route, et après nous être frayées un passage au milieu d’un monticule d’ordures (hummm, est-ce le bon chemin ?) nous débouchons sur une place qui a tout d’un marché… mais qui ne ressemble en rien à un marché d’épices. Outils, tas de ferrailles, hommes accroupis et habillés de blanc faisant leur ‘shopping’ dans les paniers remplis de gris… mais nous sommes au sous-sol du BHV, ma parole !



Après avoir fureté quelques minutes, nous nous retrouvons encerclées de stands de bracelets. Et là encore, on ne résiste pas ! On a beau en avoir suffisamment à la maison pour ouvrir une boutique, de nouveaux petits cercles dorés et clinquants viennent agrandir notre collection… Ne perdant pas de vue notre objectif, nous nous dirigeons vers le pied de la Clock Tower. Fourmilière et cris en rafale. Un jeune homme plutôt sportif nous guide en trottinant jusqu’aux échoppes épicées. Plus d’une fois, nous le perdons dans la foule. Mais à chaque fois, il nous retrouve. Bien installées dans la fraicheur ombragée d’une petite boutique, nous faisons notre marché. Les épices nous montent aux narines, il y en a pour tous les goûts, pour tous les plats… Les odeurs ne manquent pas de nous ouvrir l’appétit et plus riches de nos tissus, bracelets et épices, nous optons pour une petite table avec vue sur la rue en mouvements. Un chappattis, un bol de raita, et ça repart ! Un peu plus tard, un rickshaw nous conduit au sommet de la colline qui surplombe la ville, sur laquelle se dresse, conquérant, le fort de Jodhpur : le Meherangarh, propriété du Maharaja de Jodhpur. Sept portes pour y entrer, des remparts impressionnants, une succession de cours et de palais à visiter. C’est délicieux, ce lieu majestueux et chargé d’histoire dans lequel nous promenons nos pas…



A la sortie du fort, nous tombons sur une ribambelle de petits garçons, cartables au dos, accroupis devant un mini-temple creusé dans le mur. Quand ils nous voient, armées de nos appareils photo, c’est jour de fête ! Ils perdent soudain tout leur sérieux et s’amusent à prendre la pose devant le temple….



En début de soirée, nous retournons à la Guest House du matin, buvons un petit Lassi (sorte de yaourt) au Safran (spécialité du coin), et prenons ensuite la route de notre hôtel. On s’attendait à quelque chose de plutôt sympathique, mais là c’est carrément beau. Et sans nous démonter (ou du moins, on fait comme si), nous grimpons les marches de ce petit palace, pleines de poussière et toujours habillées de nos vêtements du train de nuit… Un fou rire nerveux commence à nous gagner quand nous atteignons le hall majestueux de l’hôtel et que l’on nous accueille avec un petit verre d’eau glacé à la rose. J’ose à peine m’asseoir sur les coussins que l’on nous propose, et qui ont l’air si propres. Eux.
On nous conduit dans notre suite (Hiiiiii. Une suite !!) et la porte refermée, nous pouvons enfin relâcher la pression et arrêter de marcher le menton en l’air, seul signe de distinction dont nous sommes encore capables… Sur le lit, les serviettes de toilette ont été roulées de façon à former un éléphant et ça, j’ai envie de dire… c’est vraiment LA classe ! Nous commençons à fureter dans nos appartements et à prendre des photos toutes plus ridicules les unes que les autres… ne retrouvant notre grâce naturelle que quand un des jeunes hommes de l’hôtel vient frapper à notre porte pour nous proposer la carte du room service. Dans la salle de bains, nous découvrons (O Bonheur !) une baignoire. Propre. Blanche. Et sans cafards à l’horizon. Le Paradis pour une nuit…


Dans le placard...
Le lendemain, une jeep vient nous chercher à 10h. Car aujourd’hui, c’est Safari ! Le guide nous accueille dans sa jeep ouverte à l’air libre, accompagné par le jeune propriétaire de la Sarvar Guest House. Nous sommes avec un couple de français, ma foi fort sympathiques.
Petit à petit, nous nous enfonçons dans des paysages désertiques, faisant des arrêts pour admirer un banc d’antilopes sur le point de fuir ou des chameaux se baladant tranquillement sur le bord de la route… Bon, c’est évidemment un circuit ‘pour touristes’, mais en deux jours, nous n’aurions pas eu le temps d’aller se balader sur ces terres et dans ces petits villages si ce n’avait été par le biais de ce type de ‘rando-safari’, donc…




Nous passons une bonne heure dans un village dit ‘typique’. Je ne suis pas très à l’aise avec ce genre de voyeurisme qui manque d’authenticité… des grappes de touristes défilent toute la journée, l’idée étant de nous montrer ‘la vraie vie d’un vrai village du Rajasthan’. Mouais. Peu attentive aux explications du guide (ouille, je vais me faire taper sur les doigts), je concentre toute mon attention sur les enfants du village, qui sont un peu moins ‘en représentation’.
Les femmes du village nous offrent un chai et nous font boire à même la main un mélange d’eau et d’opium (petite parenthèse pour ma maman : pas de panique ! On ne nous a pas droguées ! C’est de l’opium pour touristes, offrande de bienvenue histoire de…). Ça a surtout goût de terre en fait, mais la tradition est amusante.

Une petite goutte d'opium ...




Le Safari dure encore quelques heures et nous rentrons à Jodhpur, les yeux plein de soleil et d’images du presque désert. Un dernier tour dans la ville, une tentative de visite du Umaid Bhawan Palace (ancien palais de Maharaja, absolument sublime, transformé en hôtel beaucoup plus que luxueux et dans lequel vit toujours le descendant du Maharaja) dont nous nous voyons refuser l’entrée, un dernier chai à la Sarvar Guest House, et il est l’heure de faire nos adieux. Avant de nous laisser franchir la porte des aurevoirs, une des femmes de la petite Guest House nous offre à chacune une bague et nous caresse la tête en nous disant ‘Tu es ma fille’.
Nous repartons de là bien guillerettes et le cœur allumé des couleurs de Jodhpur.
Un autre train de nuit, du vent dans les cheveux par les portières du train qui file au cœur des villages de l’Inde, une arrivée à Delhi au petit matin…. Week-end fini… A la maison, Maniram nous accueille avec un gros gilet et un bonnet sur la tête. Il fait le geste de se recouvrir le corps de ses bras et de trembler… l’hiver serait-il tombé sur Delhi pendant ces deux jours? Il est 6h du matin et (ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques jours) il fait à peine 20°. Dans quelques heures, les températures franchiront probablement à nouveau la barre des 30°. Mais tant que le soleil n'est pas levé sur la ville, Maniram se croit dans un igloo…

lundi 19 octobre 2009

Diwali: après la théorie, la pratique!

Hier, samedi 17 octobre, l’Inde a fêté Diwali (cf. post précédent).
Et toute la journée a été imprégnée de son atmosphère bien spécifique !

11h30, rendez-vous dans la cuisine avec Mathilde pour le café du matin. Enfin un samedi où nous ne sommes pas en vadrouille et où Mathilde ne travaille pas : nous en aurions bien profité pour arpenter la ville. Mais avec Diwali, c’est un peu compromis. Tout le monde est en famille et les rues sont plus calmes qu’à l’ordinaire : boutiques fermées, rickshaws peu nombreux. Nous décidons d’aller à Saket, haut lieu de la consommation puisqu’il s’agit d’un centre commercial. Ok, honte sur nous, c’est pas très spirituel comme endroit pour un jour comme celui là… Mais à Saket, il y a un cinéma et il y a des chances pour qu’il soit ouvert. Effectivement, il l’est mais la séance que nous voulions est terminée. Nous nous dirigeons alors vers Le marché, un supermarché-miracle dont nous avons entendu parler il y a quelques jours et qui vendrait un peu de tout, même les choses qui nous manquent ! Fromage, céréales, kiwis, chocolat… Et je vous assure qu’après 3 mois ici, ces mots nous font l’effet d’une oasis dans le désert… Au bout d’un long couloir, nous apercevons le marché, dont les vitrines sont recouvertes de guirlandes lumineuses… On se croirait un 24 décembre ! Nous avançons d’un pas plus rapide en nous pourléchant déjà les babines et nous retrouvons face à … un porte en train de se refermer. C’est l’heure de la puja, on ferme ! (Puja = cérémonie religieuse). Quoi ?!? Nous nous collons à la vitre, les yeux en émoi devant les étalages de friandises. La déception est grande et c’est la révolution chez nos papilles, mais puisque Puja il y a, nous faisons demi-tour. Bien décidées à ne pas nous laisser abattre, nous sortons de Saket et dénichons un rickshaw pour nous rendre cette fois à Dili-Hat, un marché d’artisanat qui, nous l’espérons, devrait être ouvert aujourd’hui… Mais quand nous arrivons à l’entrée du marché, on nous annonce en souriant que C’est Diwali, pas la peine d’entrer : on ferme dans 10 minutes. Mais fortes de la rage de vaincre, nous parvenons à passer les barrières de la sécurité (par ailleurs peu vindicatifs) et entrons en territoire interdit. Effectivement, le marché ferme peu de temps après mais au moins, nous profitons des prix de Diwali (comprendre : mêmes prix que d’habitude, mais annoncés sous la mention C’est Diwali, je te fais un prix !).
Après avoir parcouru la moitié de la ville pour ces 10 minutes intenses de shopping, nous rentrons à la maison éreintées. Et là, une bonne surprise nous attend : Sara Swati, la petite fille qui vit sur notre toit (Cf. explications plus bas…) nous explique qu’elle et sa famille organisent une puja à 21h et que nous sommes les bienvenues. Enfin un vrai moment Diwali en perspective !

Pour vous mettre un peu dans l’ambiance, je dois commencer par vous présenter la famille qui vit sur notre toit. Je sais que la phrase est un peu bizarre et peut rappeler le fameux « il y a un petit garçon qui vit dans ma bouche » de Shining, mais c’est bien vrai : il y a une famille qui vit sur notre toit.
Ils sont népalais, bouddhistes, et travaillent pour la famille de Shaleen (notre coloc et proprios) depuis l’époque de son grand-père. Autant dire que cette maison est un peu la leur et qu’ils en connaissent tous les secrets. Maniram (le père de famille), m’a d’ailleurs certifié qu’il n’y avait aucun fantôme dans la maison… en revanche, il semblerait que l’autre côté de la rue soit un peu hanté. Bref.

Dans la-famille-qui-vit-sur-le-toit, je vous présente donc d’abord le père. Maniram. La soixantaine bien tassée, des yeux qui sourient même quand il fait la chasse aux souris, des pantalons trop larges et un bonnet de père noël qu’il a acheté au marché pour se réchauffer la tête cet hiver.. Maniram, c’est un peu notre sauveur. Quand on croise un cafard dans la salle de bains ou une souris derrière le frigo (et je vous passe l’histoire du rat mourant, dont Edith se souvient probablement encore), et que l’on se met à hurler sans pouvoir se contrôler, Maniram apparait comme par magie et chasse l’intrus à coups de balayette et de Finished, Atchaaa (comprendre OK tout va bien). Entre nous, le courant passe même s’il ne parle qu’un anglais très sommaire et que mon hindi est encore pire… je lui fais comprendre que j’aime beaucoup la chemise à carreaux bariolés qu’il a décidé de mettre et il me félicite sur l’odeur de la tarte que je suis en train de faire brûler dans le four. Bref, on s’apprécie et on se le dit !

Ensuite, il y a son épouse, Parvati, vingt ans plus jeune que lui. Une femme robuste, qui a eu 7 enfants, dont le premier à l’âge de 14 ans. Pétillante, et qui rit pour un rien. Quand elle est assise devant la maison, par exemple, et qu’elle me regarde stationner sur le bord de la route, attendant patiemment de pouvoir traverser. Les indiens courent entre les voitures et les charrettes, j’hésite, j’y vais, j’y vais pas ? J’y vais pas. Souvent, 10 minutes plus tard j’hésite encore alors que tout le quartier est déjà passé de l’autre côté, et Parvati, elle rit, elle rit…

Dans la-famille-qui-vit-sur-le-toit, il y a aussi la fille. SaraSwati, dont on a fêté les 14 ans il y a peu et qui, pour l’occasion, nous a invité à partager un bout de gâteau avec sa famille. SaraSwati, ce qui la fait rire, c’est quand on cuisine. Elle se pince le nez et pousse des cris d’affolement… il faut dire que nos mélanges rudimentaires dans les poêles des années 30 ne sont effectivement pas toujours des plus affriolants…

Et puis il y a Vishnu, le petit dernier, qui sait pousser des colères monumentales à l’heure du petit déjeuner et faire de la gymnastique acrobatique comme personne. Si vous déambulez un jour dans les couloirs sombres de cette grande maison et que vous croisez un petit bonhomme collé contre un mur, la tête en bas et les pieds en l’air, pas de panique, c’est Vishnu.

Maintenant que les présentations sont faites, passons à la Puja.A 21h tapantes, Saraswati vient nous chercher et nous grimpons sur le toit où Maniram est déjà en train de se recueillir devant un petit autel fait maison. Lakhsmi, Ganesh et Vishnu sont représentés sur des petits cadres en cartons et autres miniatures, et entourés de bougies. Des bougies, Saraswati en a d’ailleurs disposé dans toute la maison. A la suite de Maniram, nous prions les dieux. Un bindi sur le front, une fleur dans les mains, nous implorons leur clémence pour cette année à venir et déposons ensuite la fleur sur un petit tas de billets déposé au centre de l’autel.

Maniram préparant la Puja

Oui oui, c'est bien ma tête..

Après la Puja, la fête commence! A l'unisson avec ceux qui explosent partout dans la ville, Saraswati et Vishnu font claquer dans l'air les pétards achetés pour l'occasion. Il y en a pour tous les goûts.... grains de lumière blanche qui tournoient sur le sol, feux d'artifice colorés dans le ciel de Delhi, explosion de bruit à rendre sourd un déjà-sourd...
Les pétards explosent, les enfants rient, Mathilde et moi nous recroquevillons sur un coin de la terrasse, poussant des petits jappements de terreur à chaque nouvelle détonation...
Et Parvati, je peux vous dire qu'elle en rit encore....

vendredi 16 octobre 2009

Happy Diwali!

En Inde, vous l’aurez compris, le spectacle de la rue ne s’arrête jamais… mais depuis quelques temps, les marchés de la ville s’animent d’une exaltation toute nouvelle et encore plus colorée (si c’est possible) que d’habitude.
Parce que bientôt, c’est Diwali !
Célébrée aussi bien par les hindous que par les sikhs et les jains (mais avec des références différentes pour chacun), Diwali est une grande fête qui s’étale sur cinq journées, dont la plus importante est la troisième : c’est le vrai Diwali-Day. Cette année, ça sera le 17 octobre.

Diwali, que je découvre ces jours ci, est pour moi une fête à l’image de l’Inde : je l’ai respirée dans les rues avant même d'essayer de la comprendre.
Et comme beaucoup de choses ici, c’est encore une histoire un peu magique qui en est à l’origine. Une histoire dans laquelle se croisent un prince et un démon, un dieu à tête de singe et un dieu à tête d’éléphant, une princesse et une déesse…
Vous voulez l’histoire ? Je vous la sers… sur un plateau de bougies.

Petite introduction : Vishnu, Laksmi et Ganesh
Diwali, c’est avant tout un hommage à la déesse Lakshmi, symbole de prospérité et épouse de Vishnu, le dieu de la préservation. Ganesh, le dieu à tête d’éléphant, est toujours présent aux côtés de Lakshmi lors de cette fête. En effet, bien que déesse, Lakshmi est elle-même vénérée par de nombreux dieux et Ganesh fait partie de la foule de ses admirateurs…

C’est Diwali, sortez les bougies !
Il y a bien longtemps, dans les lointaines contrées indiennes, le prince Rama (un des sept avatars de Vishnu) est parti combattre l’effrayant démon Ravana, qui lui avait enlevé son épouse Sita (incarnation terrestre de la déesse Lakshmi). Epaulé dans sa quête par le dieu-singe Hanuma, Rama est sorti vainqueur du combat et est fièrement rentré au pays, bras dessus bras dessous avec Sita. Le couple a alors été accueilli par une rangée de lumières allumées par les villageois pour fêter sa victoire. Et depuis, les indiens fêtent chaque année ce retour en fanfare.
Diwali, c’est donc avant tout la fête de la lumière. En sanskrit, le mot signifie d’ailleurs « rangée de lampes ». Impossible de ne pas céder à ce tourbillon lumineux : pendant les 2 ou 3 semaines qui précèdent Diwali, les étalages des marchands se couvrent de guirlandes lumineuses et de bougies de toutes sortes. Les marchés regorgent également de représentations des dieux hindous : cartes postales, affiches, figurines colorées bien rangées dans leurs boites en carton, les déclinaisons sont nombreuses !
Incapable de résister à la tentation de la kitch-itude ambiante, je fais le plein dans ma petite besace…. D’ici quelques mois, vous mesurerez probablement les effets dévastateurs de ma fièvre acheteuse sur la décoration de mon futur appartement !

Diwali, la fin d’une année…
Dans le calendrier hindou Vikram utilisé dans le nord du pays, Diwali c’est également le dernier jour de l’année. Le lendemain, une nouvelle année commence et ce premier jour s’appelle ‘Annakut’.

Mais concrètement, que fait-on à Diwali ?
Diwali, c’est une fête. Avec pétards et feux d’artifice à l'appui. Et comme pour toutes les fêtes, on s’habille de neuf et on s’offre des cadeaux. Je ne vous ai pas encore parlé de ces paniers cadeaux en osier qui peuplent également les étalages. Un bonheur pour les yeux !! Il y en a de toutes les tailles, et toutes les combinaisons sont possibles : outre les fruits secs, on y trouve essentiellement des produits importés, et donc considérés comme luxeux. Nutella, olives en conserves, barres chocolatées, briques de jus d’orange… le tout recouvert d’un film plastique et parfois d’un ruban. So nice !
Mais Diwali, c’est surtout l’occasion de faire des pujas, cérémonies en l’honneur d’un dieu. N’oublions pas que Lakshmi est à l’honneur !


Ganesh
Hanuma


L'image est très mauvaise mais on y voit Lakshmi...


Demain c'est décidé, j'arrête les marchés...

mercredi 7 octobre 2009

Faire de la balançoire à Chandigarh

Avez-vous lu Loin de Chandigarh, le livre magique de Tarun J Tejpal ? Son histoire se déroule certes plus autour d’une femme qu’autour de la ville en elle-même, mais il en dit cependant quelques mots, que je me permets d’utiliser parce que leur justesse décrit parfaitement l’impression que m’a laissée Chandigarh :
«(…) cette étrange cité minérale née de la géométrie et non du besoin. Une ville bâtie avec des rapporteurs, des règles, des équerres, des compas, bien plus qu'avec de la passion, de l'émotion, de l'ardeur et de la créativité. Le Français qui l'avait édifiée en avait expurgé à la fois la sensualité accomplie de son peuple et la truculente robustesse des Indiens. Il avait construit un habitat géométrique. Seul le temps en ferait une ville. Beaucoup de temps."
Ps : « le français qui l’avait édifiée » : il s’agit du Corbusier.

Pas très enthousiaste, me direz-vous ? En effet. Je n’ai pas réussi à trouver à Chandigarh le charme que j’ai (jusque là) trouvé à toutes les villes indiennes traversées.
Petit résumé de la situation…

Samedi, 7h10 - Un rickshaw me dépose dans la New Daily Railway Station où j’ai rendez-vous avec Patricio, l’argentin qui fait de la balançoire comme pas deux (cf. photo). En l’attendant, je m’assois sur mon sac et j’observe le spectacle. Les rickshaws déversent les voyageurs pressés et alpaguent à force de cris les clients potentiels qui sortent de la gare, les enfants courent entre les valises, les chiens errants sont hagards, les femmes portent des saris multicolores, les corps encore endormis sur le sol sont recroquevillés, les hommes se bousculent….
7h30 – Patricio arrive et nous nous dirigeons vers le panneau lumineux indiquant les départs. Notre train, prévu pour 8h, n’est pas affiché. Tous les autres trains de la matinée le sont. Euh, il existe vraiment ce train ?
7h40 – Nous jouons des coudes pour ne pas perdre notre place dans la file d’attente qui gonfle devant le guichet d’information. Personne n’a la patience d’attendre et chacun hurle sa demande par-dessus la tête des autres, espérant une réponse qui ne vient jamais. Une femme se retourne et me parle en postillonnant : et hop, un petit crachat qui vient se loger dans ma narine. La journée commence bien…
7h45 – Nous demandons à la femme qui tient le guichet si elle sait de quel quai part notre train. Elle regarde notre billet, l’œil dubitatif, et pour toute réponse nous annonce qu’il s’agit du « train pour Chandigarh ». Oui, merci, ça on savait… mais le quai ? « Le même que d’habitude ». C'est-à-dire ? « Je sais pas ». Ok. Retour à la case départ.
7h50 – Les sens en alerte, nous repérons une pancarte qui indique qu’à l’étage se trouve une salle d’informations pour touristes… Nous prenons nos jambes à nos cous et grimpons les escaliers d’un pas alerte pour déboucher devant un écriteau affichant que la salle n’ouvre qu’à 8h. Dilemme : si on attend, on loupe le train. Mais si on n’attend pas, on ne saura pas d’où il part…
7h55 – Nous voilà aux abords du quai, en grande conversation avec deux policiers qui nous confirment à la lecture de notre billet qu’il s’agit bien d’un train pour Chandigarh. Décidément. On n’est toujours pas sûrs de pouvoir monter dedans, mais au moins on sait où il va.
8h00 – Personne n’a encore réussi à localiser notre train. On panique ? Nooooooooooooon. On reste zen et surtout, on n’essaie de ne pas trop transpirer.
8h05 – On attend bêtement au milieu de la gare que le train daigne se montrer. Ou qu’on nous apprenne qu’il est déjà parti…
8h10 – Un policier à qui nous avons parlé tout à l’heure a tout à coup l’œil qui brille. Il nous explique qu’il vient d’entendre une annonce en hindi : notre train a du retard et est annoncé voie 12 !
8h20 – Nous sommes dans le train… et je pense très fort qu’il faut décidément que je me mette à l’hindi. Le wagon démarre, il est presque vide… aurions-nous perdu quelques autres « non-hindi speakers » en chemin ?
Quatre heures plus tard, du vent plein les cheveux et la marque du siège sur la joue (il faut bien dormir de temps en temps), nous débarquons à Chandigarh. Le sol de la gare est carrelé et c’est plutôt propre, ça fait tout drôle. A la sortie de la gare, un grand panneau nous souhaite bienvenue dans la « beautiful city ». Comme partout ailleurs, les rickshawmen se pressent vers nous et nous en suivons un qui nous conduit jusqu’au centre ville. Le trajet est étrangement reposant : grandes routes goudronnées, larges espaces verts qui longent les trottoirs (parce qu’en plus, il y a des trottoirs !), klaxons relativement rare et circulation fluide… Je me dis que c’est vraiment très, très agréable, et j’attends la suite avec impatience.

Malheureusement, je dois l’avouer, j’ai été plutôt déçue par la ville en elle-même. Des bâtiments gris, carrés, alignés les uns à côtés des autres comme des blocs de béton. Un jeu de légos sur pattes, aucune fantaisie, les rues sont presque ‘trop rangées’. Est-ce que j’ai déjà perdu, à ce point, l’habitude et le goût de l’ordre dans une ville ? Cette urbanisation organisée me froisse et je ne me sens pas palpiter de curiosité à la vue des ruelles qui s’ouvrent devant nous. Cela reste évidemment un point de vue personnel et je sais que d’autres, qui sont aussi passés par Chandigarh, l’ont aimée.

Pour être tout à fait honnête, il y a quand même une chose qui m’a beaucoup plu à Chandigarh : le Rock Garden, un parc tout droit sorti de l’imagination de Nek Chand. Pour vous situer le personnage, sachez que Nek Chand a participé, aux côtés du Corbusier, à la construction de Chandigarh, ville destinée à être la capitale du Pendjab. Il y a été inspecteur des routes, ce qui lui a permis de récupérer tout un tas de matériel hétéroclite parmi les déchets. Et un jour (en 1958 plus précisément), Nek Chand a eu l’idée folle de construire avec ces matériaux un parc à l’image de son imaginaire. S’il s’agissait au départ d’un terrain squatté, le parc a ensuite été légalisé et Wikipedia vous apprendra qu’il s’agit aujourd’hui du deuxième site le plus visité d’Inde !
C’est dans une atmosphère un peu féérique que l’on déambule dans ce parc. Le chemin est tout tracé et, comme chez Ikea, on suit un parcours qui nous amène à voir les créations de Nek Chand. Les mosaïques rappellent par moments celles du parc Gaudi, à Barcelone. Puis une porte que l’on doit traverser en se baissant nous plonge pendant quelques secondes dans l’univers d’Alice aux pays des Merveilles. Et à la fin du parcours, on débouche sur un grand jardin qui ressemble au paradis de l’enfance : chameaux qui se baladent en liberté, miroirs déformants, stands de cacahuètes et balançoires accrochées au plafond d’un grand couloir en pierres…
Un décor qui me fait oublier qu’au-delà des murailles, il y a une ville qui me repousse plus qu’elle ne m’attire.














Ce que je retiendrai de ce week-end ? Qu’à Chandigarh, j’ai fait de la balançoire…