Dans ma chambre d’hôtel, il y a un balcon. Je me dis Youpi, je vais pouvoir m’installer une petite chaise dehors et observer ce qui se passe dans le temple sur lequel donne ma chambre. Mais l’affichage punaisé sur la porte du balcon, renforcé par les avertissements du gérant de l’hôtel, m’effraient un peu je dois l’avouer. Quand je me décide à aller faire un tour sur mon balcon, c’est finalement sur la pointe des pieds et toutes lumières éteintes. C’est tout juste si je n’ai pas un bâton dans les mains…
Après une courte sieste, la journée commence. Au programme : un bus pour Vaitheeswaran Koil, petit village situé à une vingtaine de kilomètres et, au bout du chemin, la découverte de nos vies passées et de notre avenir… Une journée chargée, en somme !
Vaitheeswaran, c’est un endroit mystérieux. On y pratique la Nadi Astrologie, et j’ai eu beau interroger plusieurs personnes des alentours, l’endroit n’est pas connu. Peu de gens s’y rendent, apparemment. L’histoire raconte que sous le haut patronage de Shiva, une ribambelle de grands sages se sont réunis il y a 2000 ans et, aidés par les étoiles, ont écrit sur des feuilles de palmiers la vie de tous les êtres humains présents sur terre et à venir, en tenant compte du cycle des réincarnations (pour les hindous, nous avons tous 7 vies). L’histoire nuance tout de même ce ‘tous les êtres humains’ et précise que pour certains, il n’y a pas de feuilles de palmiers : ce sont les ombres. Je n’ai pas vraiment réussi à élucider le mystère de ce terme, ‘Ombres’. S’agirait-il de ceux qui ne se réincarneront pas ? En tout cas, une chose est sûre après avoir accompli tant de chemin pour parvenir jusque là : Mathilde et moi prions tous les dieux hindous de ne pas être des Ombres… Mais j’ai confiance, puisque l’histoire ajoute enfin que ceux qui n’ont pas de feuille n’auront, a priori, jamais l’envie / la volonté de venir dans cet endroit. Ou n’en entendront tout simplement jamais parler.
Moins d’une heure après le départ, le bus nous dépose devant l’entrée du temple de Vaitheeswaran. Sol poussiéreux, terre brûlée par le soleil, nous ne savons pas trop où nous rendre. Le village est tout petit, le temple est encadré de maisonnettes affichant le nom du lecteur de Nadi qui y officie. Nous parcourons la rue avec nos gros sacs, on nous regarde, on nous indique des directions différentes, nous sommes un peu perdues. Que faisons-nous là, nous les deux petites européennes à sac à dos, dans ce village qui n’a rien de touristique ? Comment allons-nous choisir notre lecteur de Nadi ? Personne n’a l’air de parler anglais, et nous n’avons aucun repère… L’urgence : trouver une guest house dans laquelle déposer nos sacs pour partir un peu plus légères à la rencontre du mystère… La première soit-disant Guest House dans laquelle nous entrons n’a rien d’un hôtel : c’est en fait une maison, qui plus est aux allures désaffectées. Aucun meuble, des pièces vides qui résonnent de nos pas… nous en ressortons aussi vite que nous y sommes entrées, sous le regard désarmé du gérant/propriétaire ou je ne sais quoi. Finalement, un chemin de terre battue qui serpente entre les maisonnettes nous ouvre la route et un jeune indien nous guide, clopin-clopant. Au bout de la rue, là voilà notre guest house. Une maisonnette étroite et colorée sur plusieurs étages. Clés en main, un jeune garçon qui ne parle que le Tamoul nous fait signe de le suivre. On n’a rien à perdre, on y va, on visite, il y a un lit, ça nous convient, on prend. L’endroit est étrange, pas très joyeux, personne ne nous comprend et on ne comprend personne. Alors on sort le Joker, le mot sésame : ‘Nadi’. C’est bon, ils ont compris. De toutes façons, ils se doutaient. Pourquoi serions-nous ici si ce n’était pour ça ?
On nous présente un traducteur. Ouf, ça y est, les mots qui sortent des bouches prennent enfin du sens et il n’y a pas à dire, ça facilite quand même bien les choses… Le traducteur nous explique ce que nous savions déjà : les habitants du village sont tous issus d’une seule et même famille, et pratiquent tous la Nadi Astrologie. Pour notre lecture, première chose à faire : se rendre au ‘bureau’ et donner notre empreinte digitale (main droite pour les hommes, gauche pour les femmes). Après cela, le lecteur de Nadi se rendra dans la grande bibliothèque du temple et ramènera les feuilles susceptibles de correspondre à notre empreinte. Accompagné du traducteur, il procédera ensuite à la lecture des premières lignes de ces feuilles devant nous, jusqu’à ce que (peut-être) il trouve la nôtre. Et comment sait-on que c’est la nôtre ? Eh bien parce que sur la feuille qui a été écrite pour nous, il y aura les prénoms de nos parents et le nôtre. Ainsi que d’autres informations permettant de s’assurer qu’il s’agit bien de notre feuille (profession, nombre de frères et sœurs, situation matrimoniale passée / présente, maladies graves ou accidents déjà vécus, … ). C’est intrigant. On y va. On donne notre empreinte, un peu stressées. On attend. Le lecteur de Nadi revient d’abord avec ma feuille. Je m’enferme avec lui et le traducteur dans une petite pièce. La lecture commence. 5 minutes, 10, 15, une demi-heure… Mathilde m’envoie un message : ‘ils t’ont séquestrée ?’. Non. Mais on n’a toujours pas trouvé… Et puis finalement, LA feuille. Celle qui porte mon prénom et ceux de mes parents, qui parle de mon métier, de mon unique et plus jeune sœur, de la profession de mes parents. Bref, tous les éléments coïncident. Malgré l’évidence, je ne peux pas m’empêcher de douter. C’est tellement ‘énorme’. Ce qui permet à ce doute de s’insinuer dans mon esprit, c’est que lors de la recherche de LA feuille, on ne peut pas s’empêcher de les aiguiller. Il faut bien donner quelques indices sur la façon dont se prononcent les noms quand on a face à soi un homme qui parle anglais avec un accent indien et qui, de plus, traduit les propos d’un autre homme qui lui ne parle que Tamoul et lit en Tamoul… Sans cela, on risque de passer à côté de la bonne feuille : quand on me dit, ‘ton père s’appelle Shamille’ et qu’en réalité, il s’appelle Camille, que faire ? On est bien obligé de dire Hum… Sh… K… En revanche, ce qui ‘apaise’ mon doute, c’est qu’eux ne jouent pas avec ça. Ce sont des hindous. Qui croient dur comme fer en la réincarnation, et pour qui la Nadi Astrologie est une science comme une autre. Au tour de Mathilde. Sa feuille existe également. Youpi, nous ne sommes pas des Ombres ! Après la recherche, on passe à la lecture. On nous raconte tout : notre vie antérieure, notre avenir. On sort de là un peu ébranlées. Y croire ? Ne pas y croire ? Garder ça dans un coin de notre tête et oublier ? Difficile… certains éléments seront facilement ‘vérifiables’, et rapidement. Certaines choses sont floues, d’autres très précises. Des descriptions de gens, par exemple. A voir… Sachez simplement que si tout cela est vrai, je vis actuellement ma 7ème et dernière vie. Eh oui mes amis, je suis une vieille âme !
La lecture de Nadi étant faite, nous sommes prises d’une irrésistible envie de quitter ce petit village dans lequel nous ne ferons rien de plus maintenant. Nous passons à l’hôtel et récupérons nos sacs. Tant pis pour la nuit payée d’avance : A peine 3€ chacune, le prix d’un café à Paris…
Pour finir le week-end en beauté, nous projetons maintenant de nous rendre à Mamallapuram, la petite station balnéaire où a débuté ma semaine. J’ai parlé à Mathilde des appétissantes assiettes de crevettes grillées que l’on déguste avec les doigts en regardant le soleil se coucher sur la plage : il n’en faut pas plus pour la motiver. Nous sautons dans un bus, retour à la case départ : la gare routière de Chindambaram. De là, un autre bus nous trimballe pendant encore deux bonnes heures jusqu’à la gare de Pondichery. Puis un dernier bus, qui nous conduit à Mamallapuram. Le bus nous lâche en pleine nuit sur un bord de route, le village est par là, nous indique le chauffeur d’un vague mouvement de bras avant de redémarrer en trombes. Prenez un rickshaw. Ok. Seul problème : c’est la nuit et il n’y a pas de rickshaw. Problème ? Non, pas vraiment. Nous avons nos jambes, nous entendons la mer au loin et il fait bon. On se met de la musique dans les oreilles et on avance sur la route terreuse, direction la plage. Des vaches abandonnées nous regardent passer l’œil endormi, ça sent bon l’été. 1h du matin. Nous frappons à la porte de la guest house où j’ai déjà passé une nuit avec Philou, Corinne et Fabian. Le gérant vient nous ouvrir, encore plein de sommeil. Il nous conduit dans une petite chambre, vue sur la mer, terrasse offerte... On s'endort au bruit des flots.
Pour finir le week-end en beauté, nous projetons maintenant de nous rendre à Mamallapuram, la petite station balnéaire où a débuté ma semaine. J’ai parlé à Mathilde des appétissantes assiettes de crevettes grillées que l’on déguste avec les doigts en regardant le soleil se coucher sur la plage : il n’en faut pas plus pour la motiver. Nous sautons dans un bus, retour à la case départ : la gare routière de Chindambaram. De là, un autre bus nous trimballe pendant encore deux bonnes heures jusqu’à la gare de Pondichery. Puis un dernier bus, qui nous conduit à Mamallapuram. Le bus nous lâche en pleine nuit sur un bord de route, le village est par là, nous indique le chauffeur d’un vague mouvement de bras avant de redémarrer en trombes. Prenez un rickshaw. Ok. Seul problème : c’est la nuit et il n’y a pas de rickshaw. Problème ? Non, pas vraiment. Nous avons nos jambes, nous entendons la mer au loin et il fait bon. On se met de la musique dans les oreilles et on avance sur la route terreuse, direction la plage. Des vaches abandonnées nous regardent passer l’œil endormi, ça sent bon l’été. 1h du matin. Nous frappons à la porte de la guest house où j’ai déjà passé une nuit avec Philou, Corinne et Fabian. Le gérant vient nous ouvrir, encore plein de sommeil. Il nous conduit dans une petite chambre, vue sur la mer, terrasse offerte... On s'endort au bruit des flots.
Les deux jours suivants, nous les passons à errer dans le village, et à prendre le temps. Le temps de quoi ? De visiter un parc, des temples, le temps de voir de magnifiques sculptures gravées dans la pierre, d’observer la rue…
Alors les redictions se sont elle révélé exact?
RépondreSupprimerBonjour moi aussi je suis tres curieux d'en savoir plus sur les prediction Nadi, 7ans apres, puisque votre voyage date de 2009. Ce serait généreux car ça m'intéresse réellement. Merci
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